UNE ANCIENNE BALLADE IRLANDAISE

L'étage baignait dans une lumière laiteuse, celle du clair de lune sans doute. Il se rua dans le couloir et poussa - au hasard, lui sembla-t-il - la dernière porte sur sa gauche. C'est alors qu'il l'aperçut.

Nue, étendue sur un lit recouvert d'un simple drap vert pâle, elle ne laissait guère voir que ses jambes repliées, le talon plaqué contre les fesses. C'était à peine si les cuisses, légèrement écartées, permettaient de deviner en outre un horizon de chair délicatement bombé - une ligne à peine arrondie sur laquelle frissonnait un léger duvet brun. Et sous cet arc à la courbure incertaine, le rayon de lune gagnant soudain en intensité lui permit d'admirer la fleur merveilleuse dont il ne connaissait jusqu'alors l'existence que par ouï-dire : l'iris pâle et velouté du sexe, qui s'abandonnait aux regards des visiteurs et se laissait surprendre dans ses battements les plus intimes.

L'enfant s'approcha de la femme, chercha à en contempler le visage. Mais les traits de l'inconnue demeuraient noyés dans les ténèbres, il était impossible d'en discerner ne fût-ce que l'allure générale.

Comme si ce bizarre anonymat l'intimidait, Florimond baissa les yeux et sentit aussitôt son regard comme happé par la tache claire de la poitrine. Il resta un long moment à la contempler, confondu, éberlué… Il en avait pourtant déjà vu des seins et combien ! Pas simplement devinés à travers une étoffe translucide ou dans l'échancrure d'un décolleté profond. Non ! vus, ou plus exactement visualisés : délimités, esquissés, puis modelés avec soin. Et cela trois étés durant, pendant des heures entières.

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LES TAMBOURS DU VENT

 

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Éric Lysoe

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