Il suffit d’un peu de malchance… J’ai effectué toutes mes études supérieures en travaillant en parallèle. Pour les financer. Précisons que l’univers familial dans lequel j’ai été élevée ne me prédisposait pas à entamer de longues études. Celui qui faisait office de père, terrible figure méphitique au verbe haut et à la main trop lourde, avait une idée très limitée du rôle de la femme. Les études n’y avaient pas leur place. Pourtant, je rêvais d’aller à la Sorbonne. J’ai assuré mon indépendance sitôt mon baccalauréat en poche grâce à un travail saisonnier entrepris la semaine qui suivit les examens. J’ai été embauchée pour un mois. Je suis restée presque dix ans dans la même entreprise. J’ai pu ainsi m’échapper d’un univers familial délétère, entamer les études dont je rêvais, licence, maîtrise, CAPES. Les premières années, je travaillais à temps partiel, et à plein temps pendant les périodes de vacances scolaires. À partir de la maîtrise, j’ai occupé un poste à part entière, et cela devenait de moins en moins conciliable avec mes études. Après deux échecs au CAPES, j’ai renoncé à me présenter une troisième fois, et je me suis détournée de l’enseignement. Je souhaitais exercer en université ce que ne me permettait pas le niveau atteint. Mais je garde de cette époque de ma vie où je dormais peu [par manque de temps !], où je mangeais encore moins, le souvenir lumineux d’être parvenue à réaliser mon rêve de petite fille : faire des études littéraires.

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SI EINSTEIN ÉTAIT UNE FILLE