Les littératures de
l’imaginaire ? C’est l’enfance qui pointe son nez dans la tête d’un
écrivain et bouleverse sa perception de la réalité. Pour un enfant, qui suit sa propre logique,
l’impossible peut arriver :
rencontrer une souris qui parle, traverser un mur, se retrouver propulsé dans
un monde parallèle, sur Mars ou au Moyen-Age, croiser une sorcière, discuter à
bâtons rompus avec son propre petit-fils, Tintin et Cléopâtre. Les sentiments de l’enfance, qui
passent souvent assez vite de la confiance,
ou l’insouciance, à la
frayeur, et de la légèreté
au sérieux, parfois à la
cruauté, n’excluent jamais ni la gravité ni la réflexion. Pensez au Petit Prince de Saint-Exupéry. Pour moi,
c’est là, dans cette imagination débridée, chargée d’émotions et de questions,
que les littératures de l’imaginaire puisent toutes leurs richesses.
Lorsque j’étais petite, ma mère
me lisait Les contes d’Henri Pourrat,
truffés de brigands, sorcières et diableries,
et Les contes du chat perché de
Marcel Aymé.
La magie, le merveilleux, ont bercé mon sommeil d’enfant. Je m’attends à
tout moment à ce que les animaux me répondent ! Plus grande, j’ai adoré Alice au Pays des Merveilles et
peut-être encore davantage De l’autre
côté du miroir. Lewis Carroll a définitivement changé mon rapport aux
cartes à jouer. Je les manie
avec précaution. J’ai ensuite voyagé avec Bilbo
le hobbit, mon personnage préféré de Tolkien, et frissonné en découvrant
trois nouvelles qui m’impressionnent toujours,
La Vénus d’Ille de Prosper Mérimé, Le portrait ovale d’Edgar Allan Poe, La chevelure de Maupassant, ainsi que l’étrange (La) peau de chagrin de Balzac. L’univers surnaturel des fresques
sud-américaines, en particulier Cent ans
de solitude de García Márquez ou La maison aux esprits d’Isabel Allende, m’enchante. Le dernier ouvrage, loufoque à
souhait, que je citerai pour
terminer mon petit tour d’horizon,
est plus récent : Le jardinier d’Otchakov
d’Andreï Kourkov. Et chez cet auteur ukrainien, tout comme pour les
écrivains sud-américains, dans la fantaisie, se faufile une très réelle
critique sociale…
Les littératures de
l’imaginaire ? Une littérature qui fait un bien fou !
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