La culture japonaise imprègne fortement votre roman, pourquoi ?

Il est vrai que je suis fascinée par les civilisations de l'Extrême-Orient, surtout la civilisation japonaise (et chinoise d'avant l'époque contemporaine).

Ce qui m'intéresse dans la civilisation japonaise : la manière dont les Japonais réussissent à concilier modernisme et respect des traditions (ce que ne savent pas faire les Chinois d'aujourd'hui) ; le souci esthétique qui transparaît dans tous les actes de leur vie ; cette tentation de la pureté, du dépouillement, de l'ascèse, du vide et du néant, dont la plus belle expression est peut-être le bouddhisme zen, mais qui va jusqu'à l'obsession de la mort, et dont la face obscure est une tendance à une cruauté morbide : voir la fréquence du suicide chez les enfants, les atrocités commises pendant la Seconde Guerre mondiale (sur les prisonniers de guerre, les civils manchous, etc.)

Cette civilisation est différente et complémentaire de la civilisation celtique : aussi est-il intéressant que Galwein et le Seigneur se réfèrent à deux univers mentaux différents. Différents mais pas opposés en tout, certaines valeurs étant communes : le goût pour les qualités chevaleresques (samouraïs au Japon, guerriers puis chevaliers médiévaux chez les Celtes), telles qu'honneur, bravoure, dévouement au suzerain, etc. ; la proximité du monde réel avec un Autre-Monde dont les frontières sont poreuses et qui suscite plus d'intérêt et de fascination que de terreur ; jusqu'au mythe commun du paradis de l'Ouest, ces îles bienheureuses à l'extrême occident du monde : Avalon ou Tir-Na-Nog des Celtes, Terre Pure du bouddha Amida... Sur plus d'un point l'Extrême-Orient rejoint l'Extrême-Occident…

Prenez un film d'animation comme Princesse Mononoké : il est typiquement japonais, issu directement du légendaire local. Changez les noms et vous avez une légende celtique typique : la forêt porte ouverte sur l'Autre-Monde, sur laquelle règne un dieu cerf (Cernunnos), les lutins ou korrigans, le dieu sanglier, le motif récurent de la tête coupée, le sacrifice et le renouveau...

Par ailleurs, Je n'ai pas pu m'empêcher d'évoquer les " chevaliers des vertes forêts " issus de l'imaginaire des Chinois de l'époque classique : ces redresseurs de torts ou chevaliers errants, sortes de Robins des Bois qui volaient les riches pour donner aux pauvres, que l'on découvre dans les grands romans épiques du XIVe s. comme Au bord de l'eau, et aujourd'hui dans les enquêtes du juge Ti de Robert Van Gulik, ou dans Les Quatre brigands du Huabeï de Gu Long...

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LE CHANT DU STRIGOÏ

 

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La Presse en parle critique de P. Stolze dans BIFROST 70 avril 2013
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