Comment définiriez-vous les littératures de l'imaginaire ?

C'est difficile à dire, car le terme de " littératures de l'imaginaire " est une étiquette très récente, certes commode mais, comme toutes les étiquettes, assez arbitraire.

J'ai toujours été fascinée par les œuvres fondatrices des différentes civilisations comme L'Épopée de Gilgamesh, L'Iliade et L'Odyssée, le Kalevala, L'Edda poétique, Les Mabinogion, voire la plus tardive Divine Comédie… Ces œuvres mythiques et mythologiques irriguent toute une littérature plus moderne comme par exemple les romans arthuriens, la littérature courtoise… et Tolkien. Les mêmes motifs évoluent selon l'époque, la langue, le contexte historique et culturel, mais fondamentalement ce sont toujours des motifs anciens, primordiaux, universels, qui survivent à toutes les modes parce qu'ils touchent au plus profond de notre humanité.

C'est le même principe de dégradation (sans nuance péjorative) qui mène des mythologies aux épopées, puis aux contes et légendes populaires, puis aux romans modernes - éventuellement dits fantastiques -, ainsi qu'aux BD, œuvres musicales, films et séries télévisées de l'époque contemporaine.

Selon le même principe, la Déesse Mère devient la Morrigane du cycle arthurien, puis la fée Mélusine du folklore, puis une princesse des Elfes dans l'Heroïc Fantasy, etc.

Alors, les histoires d'étiquette… Dans les grandes œuvres, la dimension fantastique cohabite souvent avec la dimension réaliste : en témoignent les œuvres des grands écrivains français du XIXe s. : Mérimée, Maupassant, Théophile Gautier, Balzac n'ont jamais tracé de ligne de démarcation entre leurs romans et nouvelles d'inspiration fantastique et ceux d'inspiration réaliste. Quant à Tolkien ? eh bien, c'est Tolkien, point.

En fin de compte, c'est un travers bien français de mettre une étiquette sur chaque chose ; c'est parfois commode et cela ne poserait pas de problème s'il n'y avait une hypocrisie sous-jacente : les littératures de genre (romans policiers, fantastiques, historiques, etc.) sont considérées comme inférieures à la littérature classique. Ce clivage et ce jugement de valeur sont, on l'a vu, très récents et ne reposent pas sur une analyse poussée et impartiale des œuvres.

Où mettez-vous certains géants du XXe s. comme Jorge Luis Borges ? Ah oui, le " réalisme magique " ! Est-ce de la littérature de genre ou de la grande littérature ?

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LE CHANT DU STRIGOÏ

 

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La Presse en parle critique de P. Stolze dans BIFROST 70 avril 2013
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